100 ans de passion pour les abeilles : chapitre 5
1990-2000, changement de modèle économique
La disparition des abeilles
Cet après-midi de juillet 1990, au retour des ruchers, l’apiculteur a la mine sombre et les yeux tristes ; des milliers de corps ailés inertes s’accumulent au pied des ruches… Le passionné assiste, impuissant, à une mortalité hors norme de ses abeilles. Des colonies entières sont décimées. Que leur arrive-t-il ? Comment leur venir en aide ? André, si connecté à son cheptel, se sent dépassé…
Le saviez-vous ? Les abeilles souffrent de nouvelles maladies sévissant dans tous les pays industrialisés de la planète. La première cause est l’usage de nouveaux traitements phytosanitaires dits « systémiques », intégrés dans les semences de tournesol et censés révolutionner les rendements agricoles. Les abeilles sont empoisonnées ! Mais s’ajoute à cela un nouvel ennemi, le varroa jacobsoni, un acarien qui s’introduit dans les colonies pour se nourrir de l’hémolymphe de l’abeille. |
Ainsi les monocultures – tant vantées à la grande époque du tournesol – tuent des millions d’abeilles ! Plus tard, l’homme prendra conscience des conséquences de ses actes.
L’entreprise Famille Mary doit faire face à cette crise sans précédent, qui touche son cœur d’activité apicole et ses petites ouvrières… Il est urgent de se réinventer pour ne pas disparaître avec elles !
Enjeux de succession pour assurer l’avenir
Conscient que son entreprise doit évoluer pour survivre, André prépare son départ en retraite. À seulement 55 ans, il veut anticiper pour que la transmission offre une pérennité à l’entreprise. Il propose à ses quatre enfants de rejoindre l’aventure familiale. Seul Benoît semble intéressé. André perçoit que son deuxième fils a des prédispositions d’entrepreneur. C’est un homme de communication, il croit reconnaître en lui son dynamisme, comme celui de son propre père et fondateur Jean Mary.
Travaillant alors en tant que responsable du développement d’une chaîne de 80 magasins de vins, Benoît s’accorde deux semaines pour prendre sa décision. Après avoir réfléchi, il décide d’intégrer l’entreprise familiale, accompagné de son épouse Nathalie, qui travaille déjà depuis dix ans sur les marchés de la côte atlantique pour Famille Mary.
Les premières boutiques de miel en ville
Au printemps 1995, le fils Mary est donc de retour dans l’entreprise. Après une première expérience douloureuse liée à une grève nationale de la Poste dès son arrivée, le futur dirigeant décide, avec son père, de diversifier les canaux de vente pour être moins dépendant de la vente par correspondance.
L’idée d’ouvrir un magasin à l’enseigne Famille Mary – entièrement dédié aux produits de la ruche, avec miels, gelée royale, propolis, pollen, cosmétiques – naît bientôt. C’est ainsi qu’en 1997, l’entreprise inaugure sa première boutique “Famille Mary”, rue de Budapest, à Nantes. Le poste de responsable dans ce premier magasin revient naturellement à Sylvain, le cousin de Benoît et petit-fils de Jean. Formé à la vente de miel sur les marchés dès son plus jeune âge, le jeune homme a hérité de l’esprit commerçant de son grand-père et incarne l’âme de l'entreprise apicole et la passion du client.
Le succès est immédiat ! De nombreux Nantais qui passent leurs congés estivaux à La Baule connaissent déjà bien Famille Mary. La fierté des beaux rayonnages se mêle à un sentiment de responsabilité pédagogique, face à ces consommateurs citadins qui ne connaissent des abeilles que le nom. La large variété de miels est présentée en pots, mais également à la cuve ; un concept alimentaire précurseur pour limiter les emballages. Les clients se bousculent, les curieux qui viennent découvrir les richesses de la ruche, ainsi que les fidèles, heureux de retrouver Famille Mary près de chez eux.
Le deuxième point de vente, créé deux ans plus tard à Rennes, ne connaît cependant pas le même succès. Sa localisation en plein cœur des travaux de la ville s’avère fatale pour la fréquentation.